Positive Attitude
Par Nolwenn Huyart – ActivMag sept 19
Confondue avec la pensée positive, la psychologie positive n’est pas une nouvelle pilule du bonheur. Porteuse de sens et d’un nouveau point de vue, elle se distingue du développement personnel en s’appuyant sur des recherches menées en laboratoire depuis plus de 20 ans.
Un nouveau paradigme
Entre les années 70 et 2000, la quasi-totalité des recherches en psychologie portait sur les maladies mentales, la dépression et l’anxiété. Les fondateurs de la psychologie positive, dont Martin Seligman -chercheur et professeur en psychologie de l’université de Pennsylvanie, estimant que la discipline était « malade de sa propre recherche », ont travaillé autour d’une science « des forces et des qualités qui permettent aux individus, aux groupes et aux institutions de s’épanouir ». Novatrice en tant que psychologie de la prévention, elle a pour but de comprendre le fonctionnement optimal des individus, en identifiant les critères de leur bien-être ; d’améliorer la promotion de la santé mentale ; et de valider des méthodes d’accompagnement centrées sur les ressources et les potentialités humaines.
Sans nier la réalité
La psychologie positive n’est pas une auto-suggestion, à la façon de la méthode Coué, à aller bien à tous points de vue. Si la pensée positive propose d’opter pour une attitude positive dans n’importe quelle circonstance et à tout moment, la psychologie positive, elle, n’évite pas la réalité ni les situations négatives. A l’instar du pilote de ligne confronté à des turbulences, la psychologie positive postule qu’au-delà des déterminants biologiques et environnementaux, chacun a la possibilité d’agir par lui-même pour être plus heureux (Sin & Lyubomirsky, 2009). L’un de ses objectifs étant de réduire les émotions négatives des individus et favoriser ainsi le ressenti de bien-être. Pour ce faire, Rébecca Shankland, Maître de conférences en Psychologie clinique à l’Université de Grenoble 2, cite un des exercices proposés dans ce cadre : « si je pratique l’exercice du Journal de Gratitude (noter chaque soir pendant 14 jours 5 choses pour lesquelles je suis reconnaissant- Emmons & McCullough, 2003), je cherche à augmenter mes émotions positives en prenant davantage conscience des petites choses du quotidien qui me font du bien. »* La psychologie positive invite donc à modifier le contenu et la fréquence des expériences.
Une vie qui a du sens
Ne s’agissant pas de sourire béatement aux épreuves de la vie, la psychologie positive concerne davantage les attitudes et les compétences favorisant la stabilité émotionnelle que l’euphorie du moment. Martin Seligman insiste d’ailleurs sur le fait qu’elle n’a rien à voir avec un cliché du bonheur : être marié, avoir une maison, être tout le temps de bonne humeur, … . Pour lui, elle repose sur 5 points formant l’acronyme PERMA ** : P concerne les émotions positives qui doivent être cultivées et valorisées. E correspond à l’engagement envers les autres et le présent (être complètement là quand nous échangeons avec quelqu’un, par exemple). R invite à tisser des relations bienveillantes avec les autres. M nous questionne sur le moteur de nos vies (que voulons-nous vraiment ?). Et le A vise à la réalisation de nous-mêmes grâce à nos grands accomplissements tels que relever des défis, s’investir dans ce qui compte vraiment pour nous.
Au-delà du vernis, la psychologie positive nous invite à puiser dans nos ressources et nos compétences pour notre bonheur et celui des autres.
Infos/biblio
* Conférence Pleine Conscience et Psychologie Positive, avec Dr Christophe André
** Interview de Martin Seligman in Psychologies Magazine, Lucien Fauvernier-2019
– « La Psychologie Positive » de Rébecca Shankland-Ed.Dunod
– « Vivre la psychologie positive » de Martin Seligman-Ed.Pocket